un peu d'information sur l'utilisation des pesticides

Publié le par ray

 

Sensibilisation - Publiée le : 16/05/2006  
Des ONG (re) partent en guerre contre l'utilisation des pesticides

 

 


Le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) et la fédération France Nature Environnement (FNE) lancent conjointement des campagnes d'information sur la présence de pesticides dans l'alimentation.

 

 

Les pesticides, produits visant à la destruction de certains organismes vivants jugés nuisibles (animaux, végétaux, micro-organismes) sont utilisés depuis de nombreuses années dans différents domaines, comme l'agriculture, bien entendu, mais aussi la voirie pour l'entretien des infrastructures routières et ferroviaires, le traitement du bois ou bien encore divers usages privés (jardinage, traitement des locaux?). Avec 76100 tonnes de substances actives commercialisées en 2004, la France est le premier consommateur de pesticides en Europe et le 3e consommateur mondial derrière les Etats-Unis et le Japon.

Face à ce constat et après avoir organisé récemment une semaine de sensibilisation dite semaine sans pesticides, le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) a décidé de lancer une campagne d'information du public sur les pesticides.

S'intéressant spécifiquement aux résidus de pesticides dans les aliments, le MDRGF estime que l'information est nécessaire car le public ignore encore selon lui trop souvent la dimension de cette contamination. Nous n'acceptons plus que nos aliments contiennent des résidus de pesticides, pas plus que nous n'acceptons la pollution généralisée de notre environnement par ces pesticides !, déclare François Veillerette, Président du MDRGF et Administrateur français du réseau Pesticide Action Network Europe.

 

 

 Il faut maintenant que notre agriculture se tourne résolument dans une nouvelle direction et privilégie les modes de production utilisant peu ou pas de pesticides, afin de garantir la production de produits alimentaires véritablement sains, ajoute t'il.

Une étude de la Direction de la santé de la Commission européenne réalisée en 2003 et portant sur plus de 43.000 échantillons de fruits et légumes consommés dans 18 pays d'Europe (les Quinze Européens, l'Islande, la Norvège et le Liechtenstein) avait montré que 59% ne présentaient aucune trace de pesticide. Sur les 41% restant, 37% présentaient des résidus à un niveau inférieur aux limites maximales retenues au niveau national ou européen et 3,9% étaient en infraction avec ces seuils réglementaires.
Concernant la France en particulier, les fruits et légumes français présentaient davantage de résidus que la moyenne européenne. La moitié des échantillons consommés en France contenaient un ou plusieurs résidus de pesticides dont 6,1% à des taux supérieurs aux seuils réglementaires.

Outre le lancement d'une pétition pour le zéro résidus de pesticides dans notre alimentation, le MDRGF demande un engagement de l'Etat et des candidats aux futures élections sur ce sujet. Le Plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides risque fort de se révéler très insuffisant en la matière, souligne t'il.

De son côté, la fédération France Nature Environnement a lancé depuis le 10 mai dernier une autre campagne de mobilisation. Ses objectifs : alerter la population sur les excès et les risques liés à l'usage des pesticides et mobiliser l'Etat pour réduire leur usage.
Tout comme le MDRGF, la fédération estime que le Plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides qui est en train d'être finalisé par les Ministères en charge de l'Agriculture, de l'Ecologie, de la Santé et de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, risque d'être très nettement insuffisant pour répondre aux enjeux liés à l'usage des pesticides.
Elle réclame de ce fait un rapport réalisé indépendamment des acteurs économiques par l'Observatoire des résidus de pesticides (ORP) faisant état de la dispersion et de l'impact des pesticides sur les milieux, la biodiversité et la santé des populations. La FNE souhaite également le retrait, de la liste des pesticides homologués, de toutes les substances cancérigènes, mutagènes et dangereuses pour la reproduction.
Enfin elle préconise un objectif chiffré de réduction de l'utilisation des pesticides, la mise en place d'une formation obligatoire pour tous les utilisateurs de pesticides, l'instauration d'une taxation dissuasive des pesticides dont le bénéfice accompagnerait le développement des techniques alternatives et un encouragement des pratiques alternatives (assolements diversifiés, rotations longues, entretiens sans herbicides dans le cadre des aides aux plantations forestières, soutien significatif à l'agriculture biologique).

Les deux organismes ont tous deux choisi une pomme comme symbole pour leur campagne. La pomme de la FNE affiche une étiquette en forme de panneau routier signalant un danger : Croquez des pommes, pas des pesticides, quant à celle du MDRGF, elle est enfoncée de seringues sous le slogan Pesticides, non merci! ce qui n'a d'ailleurs pas plu à Interfel (interprofession des fruits et légumes) qui proteste en déclarant que la production des fruits et légumes consomme moins de 5 % des pesticides utilisés en France.

Alors que le projet de loi sur l'eau est examiné actuellement à l'Assemblée Nationale, France Gamerre, Présidente de Génération Ecologie estime dans un communiqué que la politique actuelle, qui consiste plus à encourager qu'à dissuader les agriculteurs d'utiliser des produits phytosanitaires, nous conduit tout droit à une crise sanitaire majeure. De nombreuses études ont montré le rôle de ces produits sur nos organismes : malformations, stérilité, cancers, indique t'elle.

Soulignant que les agriculteurs sont les premières victimes, par leur degré d'exposition, des substances nocives présentes dans les produits qu'ils utilisent, France Gamerre considère que c'est la politique agricole dans son ensemble qu'il conviendrait de revoir, en mettant en place des aides spécifiques pour permettre une évolution des pratiques vers une agriculture durable, à savoir le développement de la production intégrée et de la filière biologique.

Toutes ces réactions s'inscrivent clairement dans le cadre des actuelles négociations du projet de loi qui prévoit de modifier le système des redevances des agences de l'eau, des mesures de préservation des milieux aquatiques, un renforcement du dispositif contre le braconnage et un contrôle des pesticides ainsi que la création d'un Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema) en remplacement de l'actuel Conseil supérieur de la pêche chargé de veiller au bon état des eaux.

C.SEGHIER

 

 

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